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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/234

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après le dîner auprès de l’encoignure, et quand il a cru n’être pas aperçu, il a glissé les deux cents ducats dans mon sac. Vous pensez bien, ma chère, que j’ai été alerte pour le reprendre, et en sentant le poids des ducats, j’ai éprouvé un plaisir singulier, un plaisir d’enfant, dira-t-on, puisque j’étais bien sûre qu’ils y étaient. Ah ! nos sensations à tous les âges ont les mêmes principes, et les mêmes résultats. L’avare qui s’enferme pour contempler ses richesses, qui se plaît à les passer en revue, savait bien avant d’ouvrir son coffre ce qu’il renferme ; mais n’importe, leur vue le satisfait, et lui présente toutes les jouissances auxquelles il peut prétendre. En pesant dans ma main ces rouleaux, l’emploi me frappait plus vivement l’imagination ; mon cœur tressaillait, lorsque je songeais que