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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/270

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n’est pas le moment des vaines délicatesses, mon Émilie ; mais combien il faudra dans quelques jours prendre sur moi ! On est encore dans l’ivresse et rien ne frappe que le danger, et le courage du Marquis ; mais il faudra que tout rentre dans l’ordre, et se soumettre aux convenances ; pour mon propre bonheur, il faudra mettre un terme à des effusions de reconnaissance, qu’il serait bien difficile de distinguer de la plus vive tendresse. Le Marquis a souvent les larmes aux yeux, et en se réveillant avant-hier et me voyant auprès de lui, occupée de rattacher une serviette qui entourait son bras, il s’est écrié : est-ce un songe, ma chère Comtesse ; il s’est repris : pardon Madame, que vos soins sont touchans, ou plutôt déchirans ! Quelle illusion ne me font pas de tels services ! une sorte de désespoir s’est emparé