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Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 2.djvu/28

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sentir vivement, et plus on est isolé plus on est disposé à s’attacher fortement. Je ne croyais pas, il y a trois jours, qu’il me serait si difficile de quitter le château de Lœwenstein ; il me semblait que je n’avais à renoncer qu’à une société douce et aimable, dont l’habitude peu ancienne, ne devait pas être douloureuse à rompre ; mais en faisant les préparatifs de mon départ, j’ai éprouvé une sombre tristesse qui semblait m’ôter les forces ; un trouble qui m’empêchait de donner les ordres les plus simples. Nous avons été nous promener mercredi, veille de mon départ, et chacun des objets que je voyais, me présentait l’idée d’une prochaine privation ; chaque allée, chaque arbre étaient-ils donc la source d’un plaisir auquel il faut que je renonce ? le château de Lœwenstein est devenu