Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/82

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quoi vous souffrez cela ? Le Baron tout occupé du coup équivoque qu’il avait reçu, crut que je lui en parlais, et me dit assez sérieusement, je ne suis pas si endurant que vous le croyez. Le lendemain il se battit, et fut blessé au point de faire quelque temps désespérer de sa vie ; la Présidente publia que c’était moi qui l’avais forcé à tirer vengeance d’un coup donné fort innocemment, et de là je fus regardée comme une femme d’un commerce dangereux. Six mois après cette aventure, mon malheur m’attira un autre désagrément encore plus sensible et plus fâcheux. Le Marquis de *** était amoureux de Madame de *** ; c’était un esprit romanesque, qui prétendait, que l’amour ne devait être qu’un commerce d’ame et d’esprit ; enfin il réalisait dans sa pensée l’amour qu’on appelle Platonique, et souvent se perdait dans