Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/78

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me tenez lieu de tout ce que j’ai perdu. J’ai peu vécu avec mon père, mais je connaissais ses estimables qualités, et je savais que son cœur contrariait les maximes de son esprit. Hélas ! je me flattais de le rejoindre, et qu’il vivrait encore vingt ans ; le chagrin a certainement abrégé les jours d’un homme aussi humain ; il n’a pu soutenir tant de spectacles horribles, entendre tant d’affreux récits. Que la consolation tirée d’un avenir plus effrayant est cruelle ! et je sens qu’elle est fondée. Quel temps que celui où la douleur d’une séparation éternelle peut encore être aggravée ! celle que j’éprouve trouve mon ame déjà affaiblie, et me rend comme stupide. Si j’avais le courage de me soulever dans cet état d’abattement, j’irais vous joindre, mon respectable ami, et je ne désespère pas d’en trouver