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- les grands pays, il y a toujours des troupes réglées, et
- une partie de la population y est militaire par état : outre
- que cela est déjà contre la nature de la république, il en
- résulte encore que le César qui a mené les soldats à la
- victoire, renverse tout à son retour, si le gouvernement
- n’a pas lui-même des procédés militaires, s’il n’est pas
- absolu plutôt que ferme, s’il n’a pas des troupes à sa
- disposition immédiate, s’il ne fait point tout ce qui détruit
- la république.
- Dans un grand pays, l’indifférence de tous pour
- la liberté, la grandeur des ressources générales, qui permettent
- à ceux qui en disposent de suivre leurs passions et tous
- les écarts de leurs goûts, plusieurs autres causes encore,
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- introduisent toujours les arts superflus, les sciences
- inutiles, les caprices de l’industrie : ces prétentions et ces
- vains besoins s’étendent de proche en proche ; tous les
- penchans se dirigent vers des objets futiles, et toutes les
- forces s’épuisent pour se procurer une multitude de choses,
- dont on n’avoit aucun besoin, mais dont on ne sauroit se
- passer désormais, puisque d’autres les ont. Distraits par
- tant de désirs, surchargés de tant d’affaires, opposés les
- uns aux autres par tant d’intérêts, et encore plus par le
- soin de faire valoir exclusivement les divers mérites
- d’opinion, quels véritables souvenirs conserve-t-on de la
- liberté de la patrie ? il n’en reste pas même pour le
- bonheur personnel.
- Les principes de la morale sont le premier lien des
- hommes. Les mœurs ou les formes morales, particulièrement
- adoptées dans un pays, en font une même tribu, et
- comme une seule maison, où la raison commande à tous
- une fidélité mutuelle, mais où surtout la conformité des
- goûts perpétue les attachemens dans une intimité établie par
- l’habitude. Il n’y a rien de semblable dans les grands états.