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- juge ; que le livre est écrit de main d’homme, il l’examine
- et rit des divines inepties.
- Que vous restera-t-il alors, à vous qui n’avez bâti que
- sur l’erreur ? Il n’est d’empire durable que pour la beauté
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- qui n’a pas besoin | d’illusion. Mais qu’importent à
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- l’adroit dominateur les siècles éloignés, si la génération
- qu’il séduit le sert et l’encense ? Qu’importe à Odin que ses
- institutions sanguinaires le fassent abhorrer un jour, pourvu
- qu’il répande dans le Nord la terreur de son nom et qu’il
- l’arme tout entier pour sa vengeance [S 1] ; ou à Mahomet que
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- le voile imposteur soit enfin déchiré, s’il sort de l’obscurité
- dont il s’irrite, s’il est adoré des juges qui l’ont banni,
- s’il élève ses sectaires sur les débris du monde ? Nations,
- voilà vos législateurs !
- Les vues particulières de l’ambition, de l’orgueil ou des
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- vengeances, de fausses idées de grandeur et de gloire, de
- tristes erreurs sur les vraies sources de la prospérité d’un
- peuple, ont entrainé ou séduit les modérateurs des destinées
- humaines. L’homme de la nature fut par-tout
- méconnu : l’on s’efforça sous cent formes erronées de
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- produire l’homme imaginaire, le fantôme de la perfection
- sociale. Une morale systématique, des lois de
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- circonstance, | le vain édifice d’une institution locale et
- quelquefois inepte, fut vénéré comme la loi de la nature et
- ↑
- On prétend que ce scythe n’a parcouru le Nord en conquérant,
- que pour le soulever contre les Romains, à qui il avoit juré
- une haine irrévocable. Voyez l’Introduction à l’Histoire de Danemarck,
- par Mallet.
- ↑
- C, XXe Rêv., p. 129-130 = l. 254-293. – 254-7. De tristes erreurs sur les sources
- de la prospérité des peuples, de fausses idées de grandeur et de gloire, les conseils particuliers des passions ambitieuses ont séduit et entraîné les – 258-60. humaines. Partout l’homme de la nature a été méconnu : l’on s’est efforcé de produire sous – erronées l’homme – 261-6. sociale. Des opinions prescrites et la fatale estime