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DIXIÈME RÊVERIE
- … Je l’éprouve tous les jours davantage, de toutes
- les affections produites dans le cœur humain par nos
- besoins divers, nulle n’est préférable à la douce impulsion
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- de l’habitude. Nos goûts s’effacent avec nos passions
- mobiles ; nos desirs changent comme notre situation
- précaire et nos années fugitives ; la facile habitude est la
- seule pente durable où notre vie entière et s’incline et
- s’écoule.
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- Ce qui nous séduisoit hier peut cesser de nous plaire
- aujourd’hui ; mais une chose même indifférente dans son
- principe s’identifie à notre être dès qu’elle est en quelque
- sorte consacrée par l’habitude. Un plaisir absolument
- isolé, quelque vif qu’il puisse être, ne nous laissera qu’un
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- stérile souvenir ; mais une jouissance, autrefois habituelle,
- se perpétue jusques dans la vieillesse, au moins par le
- charme de ses regrets. L’empreinte des premiers ans est
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- sur|tout ineffaçable, et souvent le besoin de ce qu’ils ont
- possédé devient une privation intolérable pour le vieillard
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- qui, même dans un meilleur ordre de choses, ne jouira
- de rien par cela seul qu’il ne retrouvera pas ses premières
- jouissances. Le feu des passions peut faire oublier ou
- méconnoître, durant la jeunesse, le pouvoir de l’habitude.