Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/77

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propre mort. Il s’attache à la nature inanimée pour devenir
indifférent comme elle, pour reposer dans sa paix impassible :
il la vouloit muette, mais il l’entend encore ; il la
sent, il l’interprète toute entière, et demande à chacun

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de ses accens une expression indicible pour des douleurs
inénarrables. Il voit la terre agitée dans la vague qui se
brise contre le roc, et la destinée humaine dans celle qui
vient mourir sur la grève.



    invincible au repos de – 457-63. indifférent, pour devenir heureux, pour avoir la paix de ce qui ne sent point. Mais il entend ces voix muettes ; il retrouve partout sa pensée affligée ; il demande à chacun des accens de l’être un nouveau mouvement de douleur ; il voit partout dans cette nature infinie et éternellement changée, cette inutile infinité et cette perte sans terme qui sont dans lui, sentiment déplorable, expression incertaine d’un monde inutile et inexplicable comme lui.