Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/10

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Je ne voudrais pas encourir le ridicule d’avoir surfait un compatriote que le « milieu », le « moment », sa naissance et son éducation flamandes condamnèrent à n’être, trop souvent, qu’un médiocre écrivain français ; et je ne crois pas m’exagérer le mérite du « Remorqueur » ou de « La Charité », quelle qu’ait été jadis, en Belgique, la vogue de ces poèmes. N’importe. L’œuvre de Weustenraad me semble être quelque chose de mieux qu’une simple curiosité littéraire. D’abord elle exprime avec énergie, a sa date, les aspirations de la Belgique nouvellement constituée en nation, l’âme belge, si l’on veut ; et elle formule quelques-uns des nobles rêves dont se sont bercés, vers la même époque, les hommes d’Occident. En outre, notre compatriote a su mettre tant d’âme dans ses vers laborieux, que, plus d’une fois, malgré les lourdeurs et les gaucheries d’un style qui, à cette époque, était proprement le style belge, il s’y hausse jusqu’à l’éloquence et jusqu’au lyrisme. Au reste, quand même toute valeur manquerait aux « Poésies lyriques », il faudrait encore saluer en Weustenraad l’auteur de la première tentative faite après 1830 pour doter notre pays d’une littérature. Les « Jeune Belgique » se doivent d’honorer comme un ancêtre ce rude écrivain qui, cinquante ans avant eux, tenta de concentrer dans une revue jeune toute la production littéraire du pays.

Ajouterai-je, pour me justifier d’avoir écrit cette étude, que j’ai pu y introduire nombre de documents