Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/125

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L’homme enfin comprend son génie,
Il ose admirer ses travaux.

Et remarquez que Weustenraad ne se contente pas de vanter les bienfaits de l’industrie et des chemins de fer ; il en proclame la beauté. Quand il contemple, sous sa couronne de fumées et de flammes, la moderne cité industrielle, il est tenté d’opposer l’œuvre de l’homme à l’œuvre de Dieu :

Là-haut, dans leur splendeur, se déroulent les cieux,

Dans cette ombre, là-bas, gît la terre où nous sommes,
Voilà l’œuvre de Dieu, voici l’œuvre des hommes,

xxxxQuelle est la plus grande des deux ?

Un scrupule religieux le retient seul :

Non, non, point de blasphème impie :

Admirons, ne comparons pas.
Dieu crée et l’homme modifie :

À lui l’esprit, à nous le bras !

Weustenraad semble parfois un Verhaeren chrétien, ou, du moins, déiste.

Le poète patriote se garde cependant d’un optimisme exagéré. L’enthousiaste auteur du Remorqueur a aussi écrit À la statue de la patrie, dont les premières strophes respirent un profond découragement.

Weustenraad médite et rêve au pied du monument qui vient d’être élevé, sur la place Saint-Michel, aux victimes des journées de septembre. Il revoit en