Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/138

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Trouvez-vous que ces vers soient dignes d’être adressés à la Reine ? Pensez-vous qu’en les lui envoyant, je n’aurai pas l’air, ce que je crains extrêmement, de demander la charité pour moi ? Je ne voudrais à aucun prix qu’on pût me supposer une semblable arrière-pensée. Si elle pouvait venir à la tête de qui que ce soit, je sacrifierais à l’instant ces vers, et je me bornerais simplement à adresser quelques exemplaires à la Reine. Oserais-je vous demander votre avis là-dessus ? »

J’ignore quel fut l’avis du ministre. Je ne sais pas davantage si Weustenraad fit hommage de son œuvre à la reine, ainsi qu’il en avait l’intention, et s’il y joignit les deux strophes (assez bien venues, comme on voit, et d’ailleurs inédites), qu’il avait transcrites dans sa lettre. Rien ne prouve même que cette lettre ait jamais été envoyée à son adresse… Je reconnais du reste que tout cela importe fort peu à l’histoire littéraire.

Le succès de la Charité s’explique assez aisément. Ce poème était d’actualité. Il était fait pour plaire aux femmes, qui y trouvaient, dès les premières strophes, un magnifique éloge de leur sexe. La nature même du sujet le rendait propre à charmer bien des gens au cœur sensible qui, en général, se souciaient médiocrement de littérature. Enfin il était d’inspiration chrétienne et pouvait ainsi rallier les suffrages de