Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/172

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par son prénom. Il ne faut pas exagérer la faute de Sainte-Beuve, qui, de toute façon, reste assez grave. On sait aujourd’hui[1] que le Livre d’amour, imprimé en 1843, ne devait être publié qu’après la mort des trois intéressés : Sainte-Beuve, Hugo et madame Hugo. L’existence du livre fut connue en 1843 par l’indiscrétion d’un ouvrier typographe, et Alph. Karr accrut le scandale en lui consacrant une de ses Guêpes. Mais le public belge de 1848, mal informé et persuadé que l’ouvrage incriminé avait paru, en 1843, avec l’aveu de Sainte-Beuve, pouvait hardiment crier à la goujaterie. Il pouvait s’indigner, cet honnête public, qu’on eût appelé en Belgique, pour en faire un professeur d’université, un écrivain français qui, à ses yeux, n’était pas respectable en tant qu’homme. Malheureusement, les Belges firent au grand critique d’autres reproches, qui honorent moins leur goût. N’allèrent-ils pas jusqu’à contester ses titres littéraires ?

Et Weustenraad ? Quelle contenance eut-il dans son insuccès ? « S’il fallait, dit M. Grojean, en croire les allégations du Journal de Liège (9 sept. 1848), ou l’affirmation officieuse d’Adolphe Quetelet, qui, après sa mort, écrivit sa biographie, il n’aurait point pris de l’humeur de son échec. Cependant, si l’on songe qu’il avait dirigé jusqu’en 1847 la Tribune de Liège et que ce journal fut, avec le Libéral liégeois, le plus acharné des agresseurs de Sainte-Beuve, on aura

  1. V. le Sainte-Beuve de Léon Séché.