Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/180

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avoir vu me tendre la main et me traiter en ami après avoir exhalé ces plaintes qui portaient atteinte à ma loyauté.

» La nomination de M. Sainte-Beuve est devenue un texte d’opposition dans quelques journaux. Je doute que les esprits distingués et les vrais amis du progrès littéraire en Belgique s’associent aux récriminations de l’Émancipation et de l’Observateur.

» Si j’étais à votre place, je sais très bien le rôle que je choisirais dans cette misérable polémique. Je prendrais hautement parti pour Sainte-Beuve. Si je vous donne ce conseil, c’est pour vous, non pour moi. Je ne me sens aucunement embarrassé de défendre cet acte, qui m’a beaucoup coûté quant à vous, et qui pour cela même est plus méritoire au point de vue général.

» Je serais heureux que ce fâcheux incident ne vînt pas altérer l’intimité de nos rapports d’amitié déjà ancienne. Je ferai tous mes efforts pour faire disparaître de mon cœur toute espèce d’amertume. Je suis convaincu de la bonté du vôtre, et j’écarte tout soupçon d’intentions malveillantes de votre part dans les paroles qui ont pu vous échapper.

» Croyez à mes sentiments dévoués. »

La deuxième lettre de Weustenraad à Rogier est d’un haut intérêt. Le poète s’y exprime librement