Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/39

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Quant à la secte saint-simonienne, elle était ravie et flattée d’avoir fait cette nouvelle recrue. La poésie ne conférait-elle pas à ses doctrines une sorte de consécration ? Un compte-rendu élogieux parut dans le Globe, qui était alors le « journal de la religion saint-simonienne ». En outre, Weustenraad reçut de divers « pères » de l’église nouvelle des lettres[1] attestant quel cas ils faisaient de lui.

Un certain Paul Rochette lui écrivit le 18 novembre 1831 au nom de « mon père Leroux » : « Vous comprendrez parfaitement, dit-il, tout le plaisir que nous a fait éprouver l’envoi de votre Chant de réveil. Le premier d’entre tous les poètes vous avez fait retentir la parole d’avenir et vous avez prouvé que les idées de notre maître pouvaient inspirer l’artiste ; qu’il y avait en elles non seulement des sources fécondes d’amélioration pour le sort des classes pauvres, mais aussi cette puissance de vie, cette force de sympathie et de création qui revêt les grandes idées des formes vivantes, pittoresques… Votre langage n’est pas au-dessous de notre cause. »

Paul Rochette regrettait pourtant d’avoir à faire des réserves. Il y avait un point sur lequel le poète s’était fâcheusement écarté de l’orthodoxie saint-simonienne. Le « Nouveau Christianisme » était une

  1. Ces lettres, inédites, m’ont été communiquées par M. G. Borgnet.