Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/41

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raad, combattant pour l’indépendance belge, à Watervliet, sur la frontière zélandaise, avait eu la tête emportée par une décharge de biscaïen. Le poète déplora d’autant plus amèrement la mort de son jeune frère, qu’elle devait être inutile. Les revers subis par les Belges dans la Campagne des Dix Jours avaient eu pour conséquence le Traité des Vingt-quatre articles, qui leur enlevait l’espoir de conserver Maestricht, ville natale des Weustenraad. Vers la fin du poème la pitié et le regret faisaient presque place à l’envie :


Et pourtant je ne puis te plaindre ;
Je ne regrette point ta mort,
Et je sens chaque jour s’éteindre
Ma tendre pitié pour ton sort.

Échappé, grand et pur, d’un combat trop funeste,
On aurait fait de toi ce qu’on a fait de nous,
On t’aurait vendu, frère, en masse avec le reste,
À notre vieux maître en courroux ;

Tandis que, maintenant, loin d’un peuple d’esclaves,
Tu dors, enveloppé de ton grand manteau bleu,
Tu dors, heureux et libre, et cher à tous les braves,
Au sein paternel de ton Dieu !


Le chant IV était d’une conception originale. Il glorifiait un des principaux dogmes de la religion nouvelle en montrant la face du monde transformée par l’industrie en vue du bonheur de l’humanité. D’après les saint-simoniens, l’histoire de l’humanité avait été, jusqu’au xixe siècle, l’histoire de « l’exploitation de