la conviction, de l’énergie et de l’élan ; la langue et le vers y étaient parfois d’une assez belle fermeté. Dans l’ensemble, l’œuvre était cependant fort inégale, déparée par des outrances, des trivialités, des provincialismes d’expression et par un manque de goût presque continuel.
Ces poèmes étaient surtout déclamatoires. Et, il faut bien le dire, Weustenraad ne devait jamais cesser tout à fait de déclamer. Seuls quelques poèmes de sa maturité, c’est-à-dire de ceux qu’il écrivit à partir de 1842 environ, me paraissent être à peu près exempts de ce défaut.
Le saint-simonisme ne fut pas uniquement pour Weustenraad un thème poétique. Il prit à cœur de propager autour de lui la doctrine nouvelle ; et il déploya dans cet apostolat un zèle si ardent que les saint-simoniens eux-mêmes durent l’exhorter à la modération. Voici à ce sujet des extraits d’une curieuse lettre écrite par Maschereau, avec post-scriptum de Duguet, et datée du 25 février 1832 : « J’ai vu dans le Messager des Chambres (?) qu’ayant voulu faire une prédication saint-simonienne, vous en avez été empêché par les menaces de la populace. Ne vous découragez pas, cher fils, et croyez que nous vous savons gré de vos efforts et de votre courage. C’était chose belle de votre part, étant fonctionnaire public, marié, que de tout braver pour prêcher notre foi. Cependant, je vous conseille, cher ami, beaucoup de