Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/73

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circonstances, qui, en ce moment, se prêtaient peu, dans notre pays, au recueillement qu’exige la création littéraire. Il est vrai que les mêmes circonstances favorisaient le sentiment national, où nos écrivains pouvaient trouver et trouvèrent parfois une source d’inspiration.

Quoi qu’il en soit, l’Association n’atteignit pas le but qu’elle se proposait. Elle ne donna pas à la Belgique la littérature qu’elle lui avait promise. La Revue belge groupa quelques écrivains de talent, parmi lesquels on remarque Théodore Weustenraad, qui cependant s’y signala plutôt comme polémiste que comme poète : mais elle ne révéla aucune personnalité littéraire vraiment éminente. Dans ces conditions, elle ne pouvait sérieusement songer à vaincre, en Belgique, ce que Weustenraad appelle « l’opaque indifférence de la foule ». Au reste, les encouragements lui firent défaut. La presse, qui aurait pu agir sur le public, donna généralement l’exemple du silence et de l’inertie. Les pouvoirs ne firent rien, ou firent peu de chose, pour seconder une entreprise vraiment nationale. Le roi Léopold Ier semble pourtant s’être intéressé aux efforts de l’Association : il le prouva par l’envoi réitéré d’un subside, qui, pour l’époque, était assez élevé.

Il ne faut donc pas s’étonner si le beau mouvement d’enthousiasme qui, en 1834, avait donné naissance à l’Association, fut suivi d’un découragement assez