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Page:Séverine - En marche…, 1896.pdf/115

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LEUR PITIÉ

Pour Laurent Tailhade,

Mon opinion sur l’attentat de Barcelone ?… Ah ! s’il croit m’embarrasser, le malin qui me défie de la dire, il se trompe fièrement ! Son petit calcul n’est difficile ni à deviner — ni à déjouer.

Entre ma miséricorde et ma tendance, il a espéré m’enfermer dans un de ces dilemmes chers à Dupuy. Bonne aubaine, si je m’affirmais implacable, en approuvant le carnage ! Excellente affaire, si le sursaut de la pitié me jetait hors le camp des révoltés, me faisait repudier, du jour au lendemain, moitié par indignation, moitié par peur, mes sympathies de la veille !

On a vu de ces reniements ; de saint Pierre à Louis Blanc, la liste en est longue de ceux qui s’affolèrent surtout quand la réprobation se faisait menaçante, et qu’on sentait passer le vent de la hache…

Je ne connais pas ces terreurs ; j’ignorerai toujours ces