Aller au contenu

Page:Séverine - En marche…, 1896.pdf/7

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’embrasser une dernière fois celui qui était encore vivant, et dont elle était déjà veuve.

— Non.

Elle n’avait rien dit, n’avait pas crié, n’avait plus pleuré ; mais ses ongles incruslés dans les battants de la porte avaient lâché prise tout d’un coup, et elle était tombée en arrière avec un si terrible cri qu’on l’avait entendu dans toute la prison.

Nul ne sait si Parsoons avait reconnu la chère voix ; mais, depuis cette minute, d’effroyables rides sabraient son visage ; et il semblait avoir soixante ans quand le bourreau l’a pris. Les quatre condamnés ont écouté, fièrement, quelque chose de surhumain dans le regard, la lecture de l’arrêt de mort. Puis, en marchant vers l’échafaud, Fisher — l’Allemand Fisher — a entonné à pleine voix la chanson française, la Marseillaise héroïque dont l’aile rouge a flotté sur ces martyrs.

L’exécuteur les a saisis. La corde ignominieuse s’est nouée autour de leur cou, les trappes ont joué — et les quatre corps se sont balancés dans l’espace, comme quatre grands battants de cloche sonnant le tocsin des représailles dans l’air épouvanté.