Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
315
NOTES D’UNE FRONDEUSE

ex-voto, à celle qu’on avait baptisée Notre-Dame de Germinal.

Il ne fit pas long feu, l’ex-voto ! Mais il fit bon feu. Des pieds, des mains, moi et mon personnel nous nous associâmes ; et même on faillit, Dieu me pardonne, en incendier la Grande Imprimerie ! C’était d’un lent à brûler, ce bois peint !

Soudey était désolé. Il répétait :

— Quel dommage ! Moi qui croyais tant vous faire plaisir !

Je crois bien ! Et la police qui pouvait monter, trouver ce témoignage irrécusable de la présence de Soudey ; alors qu’en échange de sa « politesse », j’avais résolu, illico, de le soustraire aux poursuites, à l’arrestation !

Et ce fut fait. Je venais de louer l’appartement contigu, encore sans portes, sans papier, sans peintures, à l’état fruste ; mais où l’on n’avait pas encore mis les ouvriers.

Soudey s’y installa ; dans une pièce reculée, afin qu’on ne vît, ni de la rue, ni de la cour, la lumière révélant la présence d’un habitant. On lui dressa un lit de sangle ; avec des précautions de conspirateur, on passa une table, deux chaises, un chandelier, une cruche, une cuvette, de quoi écrire, et les douze volumes de Monte-Cristo !

Trois fois par jour, la cuisinière habillée de gris, couleur de muraille, et rasant ladite du palier, se glissait avec des vivres… On suspecta ses mœurs ; je reçus une lettre anonyme m’avertissant qu’elle avait des rendez-vous avec un typo et qu’elle le nourrissait à mes dépens !

Pendant ce temps, la police fouillait tous les garnis