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VACQUERIE CANDIDAT


Je ne vous connais point, mon cher monsieur Vacquerie, ou mieux, je vous connais peu, n’ayant guère fait qu’échanger avec vous quelques banales paroles, dans un couloir de théâtre, les soirs de premières.

Mais j’ai pour votre nom une amitié singulière, une estime profonde ; et ce filial respect que ceux de mon époque ont si peu souvent occasion de ressentir envers ceux de la vôtre.

C’est qu’ils sont rares les hommes de ce temps-là qui, à votre exemple, n’ont pas quitté la ligne droite, ont fait leur devoir avec simplicité, et sauvegardé l’honneur de leurs cheveux blancs.

On se plaint, à tort, de l’impolitesse des jeunes — pourquoi tant d’anciens ne méritent-ils plus le salut ?… On nous a enseigné le respect, quand nous étions petits ; au fur et mesure que nous avons grandi, on nous a inspiré l’irrévérence.

Et la plaisanterie est amère, de reprocher aux adolescents leur scepticisme, leur ironie, voire leur dégoût de tout. La génération qui précède est toujours respon-