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crire ; il y a cela entre vos lettres. Ma fille, c’est un démon qui les dérobe, et qui s’en joue ; c’est le sylphe d’Auger : quoi qu’il en soit, j’en suis inconsolable. Voilà une lettre pour votre évêque ; vous avez très-bien fait d’ouvrir la sienne, elle est toute farcie de tendresse ; je le prends par ses paroles, et je compte là-dessus plus qu’il ne voudroit : c’est très-bien fait, pourquoi s’embarque-t-il dans de si extrêmes protestations ? Je crois que ma réponse n’est point mal : la fin est bien méchante et bien commune ; j’ai quasi donné dans la justice de croire ; mais voilà justement où je ne m’en soucie pas.

Si vous n’avez point jeté mes dernières lettres, mandez-moi s’il n’y en a pas une du 30e septembre. Eh bien ! c’est justement celle où vous me disiez de l’avoir reçue, que le diable a emportée : j’en reviens toujours là, parce que j’en suis désespérée. Si vous saviez comme je vous aime premièrement, et puis comme j’estime vos lettres, vous comprendriez bien facilement la noirceur du chagrin que cette perte me donne.

On me mande que le Roi a donné un régiment au chevalier de Grignan ; je crois que c’est Adhémar[1]. Hélas ! est-ce quelque chose de bon ? Je le souhaite.

Mais que dirons-nous de M. de Coulanges ? N’est-ce

  1. Lettre 214. — 1. C’était, comme nous l’avons dit, le chevalier de Malte, Charles-Philippe, qu’on distinguait alors, dans sa famille, par le nom de chevalier de Grignan, et son frère Joseph, le nouveau mestre de camp, par celui d’Adhémar. On pourrait conclure d’une note de l’édition de 1734, à la lettre 219 (voyez p. 414, note 1), et d’un changement que Perrin, dans cette même édition, avait introduit dans le texte de la lettre 216 (voyez p. 405, note 7), qu’il avait cru d’abord que les deux frères avaient tous deux, dans le même temps, porté le nom de chevalier de Grignan. Dans l’édition de 1754, Perrin, mieux informé sans doute, après une lecture plus attentive des lettres mêmes de Mme de Sévigné, a rétabli le vrai texte de la lettre 216, et supprimé la note de la lettre 219.