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1673

327. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Un mois après avoir écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Grignan, ce 23e août 16731[1].
de madame de sévigné.

En vérité, mon cousin, je suis fort aise que vous soyez à Paris[2]. Il me semble que c’est là le chemin d’aller plus loin, et je n’ai jamais tant souhaité de voir aller quelqu’un à de grands honneurs, que je l’ai souhaité pour vous, quand vous étiez dans le chemin de la fortune. Elle est si extravagante, qu’il n’y a rien qu’on ne puisse attendre de son caprice ; ainsi j’ai toujours un peu d’espérance.

Vous avez tant de philosophie, que l’un de ces jours je vous prierai de m’en faire part, pour m’aider à soutenir vos malheurs et mes chagrins[3].

Je me console de ne vous point voir à Bourbilly, puisque je vous verrai à Paris. Je voudrois bien que ma fille vous

  1. Lettre 327. — 1. Dans le manuscrit de l’Institut, cette réponse à la lettre du 27 juillet est datée du 27 août, et précédée de l’introduction suivante, qui ne s’accorde point avec la nôtre : « Mes affaires ne m’ayant pas permis de partir de Bussy aussitôt que je l’aurois voulu, j’y reçus encore cette lettre de Mme de Sévigné le 10e de septembre. »
  2. 2. Mme de Sévigné l’y croyait déjà. Il n’y arriva, avec sa famille, que le 16 septembre. Pour corriger cette inexactitude, il a ainsi modifié la fin de la phrase dans la copie de l’Institut : « que vous ayez permission d’aller à Paris. »
  3. 3. Cette phrase est un peu différente dans le manuscrit de l’Institut : « Je vous prierai de m’envoyer un peu de votre courage pour soutenir vos malheurs et mes chagrins, car tout le monde en a, ce me semble. » La lettre de Mme de Sévigné s’y termine par ces mots : « Elle vous le fait ici, elle et M.  de Grignan aussi. »