Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 311 —

Il y a des articles dans vos lettres sur lesquels je ne réponds point : il est ordinaire d’être ridicule, quand on répond de si loin. Vous savez quel déplaisir nous avions de la perte de je ne sais quelle ville, lorsqu’il y avoit dix jours qu’à Paris on se réjouissoit que le prince d’Orange en eût levé le siège ; c’est le malheur d’être loin. Adieu, ma très-aimable : je vous embrasse bien tendrement.


1673

* 356. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Sur ce que la plupart de mes bons amis et moi avions jugé que Mme Scarron (depuis Mme de Maintenon) me nuisoit à la cour par l’amitié qu’elle avoit pour les la Rochefoucaulds, j’écrivis cette lettre à Mme de Sévigné, afin de la lui montrer, et de l’obliger de me raccommoder avec eux, ou du moins à être neutre[1], et je la datai de Bussy, quoique je fusse encore à Paris.

À Bussy[2], ce 13e décembre 1673.

Vous pouvez vous souvenir, Madame, de la conversa-

  1. Lettre 356. — 1. Tel est le texte dans notre copie complète de Bussy : il y a de, puis à, après le verbe obliger. — Dans le manuscrit de l’Institut, l’introduction est plus longue et contient de curieux détails : « … Je priai ma cousine de Sévigné d’employer sa bonne amie Mme de la Fayette auprès de ce duc (de la Rochefoucauld) pour le faire consentir que nous nous vissions. Mme de Sévigné s’en chargea, et quatre ou cinq jours après elle me dit que le duc de la Rochefoucauld avoit répondu à son amie que puisqu’avant que nous fussions brouillés, nous ne nous voyions pas les uns chez les autres, et que nous nous contentions de vivre honnêtement ensemble quand nous nous rencontrions, une plus grande liaison n’étoit pas nécessaire ; que pour lui, il seroit très-aise de me rencontrer souvent, et qu’il se cloueroit volontiers où je serois (ce furent ses propres termes). Cette réponse me fit juger que j’aurois toujours à craindre ce côté-là, et que je ne devois espérer de soutien que de la bonté du Roi. Trois jours après, ayant appris que Mme Scarron servoit sur mon sujet la haine des la Rochefoucaulds, j’écrivis cette lettre à Mme de Sévigné. »
  2. 2. La lettre est datée de Paris dans le manuscrit de l’Institut, et