Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/116

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1679 juste à Corbinelli; on ne peut pas lui renvoyer plus plaisamment ses paroles. Il auroit beaucoup à dire sur la petite raie que vous avez faite; et si le hasard veut que ce chapitre se traite quelque jour, il est persuadé que vous l’effacerez[1]; cependant l’avenir n’est que trop assuré, et par la perte qu’on a faite, et par la force de ce lien, que vous aimez l’un et l’autre, et qu’il sait[2] mieux que personne la justice que vous faites en redonnant dans votre estime la place qu’on y avoit autrefois[3]. Il seroit avantageux que vous sussiez tout ce que nous disons souvent de vous ensemble.

Disons un mot[4] de Mlle de Méri: elle n’est pas si mal, mais son ménage est une étrange chose. Cette femme de chambre que je lui avois donnée, et qui a été quatre ans chez Mme de Sanzei, va la quitter de son consentement. Une cuisinière a la même destinée. Nous vîmes hier, le chevalier et moi, chez elle une fille, qu’on lui présente pour la chambre, qui est assurément douée de toutes sortes de perfections: elle s’appelle Thérèse premièrement, et elle est tout à fait comme il faut. Nous fûmes tous trois ravis, on en trouvera une pour la cuisine. A propos, j’ai Françoise, votre filleule, à la mienne; je trouve que Marie et elle c’est justement César et Laridon[5]: l’une hante les parquets, et l’autre la cuisine. Mlle de Méri veut aussi une maison en ce quartier. J’ai trouvé, sans l’avoir cherché, un appartement bas,

  1. 46. Que vous effacerez cette raie. » (Édition de 1754.)
  2. 47. « Et qui sait. » (Éditions de 1734 et de 1754.)
  3. 48. Ce passage est relatif à la froideur que Mme de Grignan avait eue pendant quelque temps pour Corbinelli. Voyez ci-dessus, p. 6.
  4. 49. Cet alinéa et les deux suivants manquent aux deux éditions de Perrin, et ne se trouvent que dans notre manuscrit.
  5. 50. Voyez la fable xxiv du livre VIII de la Fontaine, l'Éducation.