Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/237

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1680 roit point faire revenir un amant qui l’avoit quittée : cet amant étoit un grand prince ; et on dit qu’elle dit[1] que s’il ne revenoit à elle, il s’en repentiroit : cela s’entend du Roi, et tout est considérable sur un tel sujet. Mais voyons la suite : si elle a fait de plus grands crimes, elle n’en a pas parlé[2] à ces gueuses-là. Un de nos amis dit qu’il y a une branche aînée au poison, où l’on ne remonte point, parce qu’elle n’est pas originaire de France ; ce sont ici des petites branches de cadets qui n’ont pas des souliers. La Tingry[3] fait imaginer quelque chose de plus important, parce qu’elle a été maîtresse des novices. Elle dit : « J’admire le monde ; on croit que j’ai couché avec M. de Luxembourg, et que j’ai eu des enfants de lui[4] : hélas ! Dieu le sait. » Enfin, le ton d’aujourd’hui, c’est l’inno-


    avec la dame maréchale de la Ferté et la demoiselle de Fouilloux (depuis marquise d’Alluye) ; qu’elle répondante regarda à la main de ladite dame comtesse de Soissons, et qu’elle lui dit… qu’elle avoit été aimée d’un grand prince, et que lors ladite dame lui demanda si cela reviendroit, et lui ajouta qu’il falloit bien que cela revînt d’une façon ou d’une autre, et qu’elle pousserait la chose sur l’un et sur l’autre ; et ne sut, elle répondante, que c’étoit ladite dame comtesse de Soissons que par ladite demoiselle de Fouilloux, qui le lui dit, et qui lui demanda si ladite dame comtesse de Soissons réussiroit dans son dessein, et si elle viendroit à bout de ses amitiés ; qu’il est vrai que ladite dame de Soissons lui dit qu’elle porteroit sa vengeance plus loin et sur l’un et sur l’autre, et jusqu’à s’en défaire… et que, lorsque ladite dame lui dit ces choses, elle ne savoit pas encore qu’elle fût la comtesse de Soissons, et ne l’a point vue depuis, ni ouï parler. » (Note de l’édition de 1818.)

  1. 20. « Et on assure qu’elle dit. » (Édition de 1754.)
  2. 21. Le manuscrit donne porté, au lieu de parlé ; deux lignes plus bas : « tout ceci, » pour : « ce sont ici. » Le texte de Perrin porte : « de cadets… de souliers. »
  3. 22. Après avoir imprimé en toutes lettres plus haut (p. 229) le nom de Tingry, Perrin n’en donne plus ici, et jusqu’à la fin de la lettre, que l’initiale.
  4. 23. « On croit que j’ai eu des enfants de M. de L. » (Édition de 1754.)