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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


sa conversation un sel et un agrément qu’on ne trouve pas, ce nous semble, dans ses lettres. Il reconnaît lui-même qu’il avait « l’esprit peu fleuri. » Il faut avouer, qu’outre cette sécheresse, sa fureur de citer du latin et sa rage de définir ressemblent bien à de la lourdeur. Du reste c’était l’homme des gros commentaires et un grand collecteur de sentences.

Il avait été introduit dans la familiarité de madame de Sévigné par Bussy, qui, du temps qu’il était lieutenant de chevau-légers, l’avait attaché à sa personne, lui faisait porter ses dépêches, et l’employa, en 1651 et depuis, comme son négociateur auprès des ministre. « C’étoit, dit-il, un gentilhomme d’esprit et de mérite, originaire de Florence, que le malheur de son père, engagé d’amitié avec le maréchal d’Ancre, avoit laissé sans biens[1]. » Son père, Raphaël Corbinelli, avait rempli en effet auprès de Concini l’office de secrétaire. Il avait été aussi premier commis du président de Chevry[2]. Après la catastrophe du maréchal d’Ancre, il était devenu secrétaire de la reine mère[3]. Les Corbinelli étaient du reste alliés à la famille des Médicis, dans laquelle ils avaient été fort en faveur. Le père de Raphaël avait été chargé par la reine Catherine de l’éducation du duc d’Anjou (Henri III). La première fois que madame de Sévigné vit Corbinelli, fut peut-être lorsque Bussy l’envoya vers elle, en 1658, pour lui demander ce prêt de

  1. Mémoires, tome I, p. 218.
  2. Voir Tallemant des Réaux, Historiette du président de Chevry.
  3. C’est par une erreur évidente que, dans la Biographie universelle de Michaud, on attribue le titre de secrétaire de Marie de Médicis à notre Corbinelli ; on l’a confondu avec son père. Raphaël Corbinelli prend la qualité de secrétaire de la reine mère dans une quittance de rente, passée devant notaire, le 4 janvier 1626, et dans une quittance de sa main, du 26 février 1627. Nous avons vu ces deux reçus, qui sont sur parchemin et signés : Corbinelly.