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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ


sance[1]. Elle n’en a pas aussi précisément marqué l’année. Un seul passage de ses lettres semble y faire allusion ; et, si cela est en effet, l’indication n’est pas exacte. Dans une lettre du 18 septembre 1680, elle admire sa fille « de ne vouloir pas que ceux qui sont nés en 1627 prennent la liberté d’être malades. » La petite erreur, qu’elle paraît bien avoir commise, a trompé plusieurs de ses biographes, et était assurément faite pour jeter au moins quelque incertitude sur l’ancienne tradition[2], qui cependant seule avait dit vrai. Il n’est plus resté de doute, depuis la découverte de son acte de baptême, qui a été relevé, en 1834, sur le registre de la paroisse Saint-Paul pour l’année 1626[3]. Ce même acte établit qu’elle naquit, non pas, comme on l’avait conjecturé, à Bourbilly, dans le vieux château de ses pères, mais à Paris, dans un hôtel de la place Royale. Paris a été fécond pour la gloire de notre grand siècle littéraire. En quatorze ans, sous le règne de Louis XIII, de 1622 à 1636, il a vu naître Molière, madame de Sévigné et Boileau. Il a élevé une statue à Molière : ses places attendent encore celles de Boileau et de madame de Sévigné.

Le père de Marie de Rabutin était Celse-Benigne, baron de Chantal ; sa mère, Marie de Coulanges.

Son origine paternelle était très noble ; son cousin Bussy lui écrivait un jour : « Je le cède à Montmorency pour les honneurs, non pour l’ancienneté. » On reconnaît bien à ce mot le Rabutin vaniteux. Toutefois il était fondé à parler de l’ancienneté de sa race. Il avait pu, dans ses recherches généalogiques, remonter jusqu’au douzième siècle. Le nom de Mayeul, seigneur de Rabutin, se trouvait parmi ceux de quelques-uns des principaux seigneurs du Mâconnais qui, en 1147, s’étaient

  1. « Il y a aujourd’hui mille ans que je suis née. » (Lettre du 5 février 1672.)
    « Il y a aujourd’hui bien des années, ma fille, qu’il vint au monde une créature destinée à vous aimer préférablement à toutes choses. » (Lettre du 5 février 1674.)
  2. Voir la préface de l’édition de 1734, qui contient quelques détails biographiques.
  3. Voir cet acte de baptême dans les notes que nous avons rejetées à la fin de la Notice (note 1).