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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/425

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1655

reçu une de vos lettres, et Mme de Gouville[1] une autre. Je croyois en trouver une chez moi ; mais je fus trompée dans mon attente, et je jugeai que vous n’aviez pas voulu confondre tant de rares merveilles. J’en suis bien aise, et je prétends avoir un de ces jours ma voiture[2] à part. Adieu, mon cousin ; le gazetier parle de vous légèrement[3] : bien des gens en ont été scandalisés, et moi plus que les autres ; car je prends plus d’intérêt que les autres à tout ce qui vous touche. Ce n’est pas que je ne vous conseille de quitter Renaudot[4] de ses éloges, pourvu que M. de Turenne et M. le Cardinal soient toujours bien informés de vos actions.


31. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE
DE BUSSY RABUTIN.

À Paris, ce 19e juillet 1655.

Voici la troisième fois que je vous écris depuis que vous êtes parti ; c’est assez pour vous faire voir que je n’ai rien sur le cœur contre vous. Je reçus l’adieu que vous me faisiez de Landrecy, pendant que j’étois à Livry,

  1. Lucie de Costentin de Tourville, sœur du célèbre Tourville, et femme de Michel d’Argouges, marquis de Gouville. Elle fit partie de la cour de Chantilly. On lit plusieurs lettres d’elle dans la Correspondance de Bussy. — Voyez Walckenaer, tome II, p. 35 et suivantes ; voyez aussi la note 3 de la lettre 31.
  2. Allusion aux lettres de Voiture, que l’on regardait alors comme le premier des épistolaires.
  3. Dans un long rapport sur le siège de Landrecy, la Gazette mentionne plusieurs fois le comte de Bussy, mais d’une façon, en effet, que sa cousine a pu trouver trop rapide et trop légère.
  4. Théophraste Renaudot, le fondateur de la Gazette (1631), était mort en 1653. Ses fils Isaac et Eusèbe continuèrent la Gazette après sa mort.