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qu’en vous assurant que j’ai les mêmes sentiments pour vous, que vous avez pour moi, et qu’en un mot, je vous honore, et vous estime d’une façon toute particulière. Mais que dites-vous de tout ce qu’on a trouvé dans ces cassettes[1] ? Eussiez-vous jamais cru que mes pauvres lettres, pleines du mariage de M. de la Trousse[2] et de toutes les affaires de sa maison, se trouvassent placées si mystérieusement ? Je vous avoue que quelque gloire que je puisse tirer, par ceux qui me feront justice, de n’avoir jamais eu avec lui d’autre commerce que celui-là, je ne laisse pas d’être sensiblement touchée de me voir obligée à me justifier, et peut-être fort inutilement à l’égard de mille personnes, qui ne comprendront jamais cette vérité. Je pense que vous comprenez bien aisément la douleur que cela fait à un cœur comme le mien. Je vous conjure de dire sur cela ce que vous en savez ; je ne puis avoir assez d’amis en cette occasion. J’attends avec impatience Monsieur votre frère[3], pour me consoler un peu avec lui de cette bizarre aventure : cependant je ne laisse pas de souhaiter de tout mon cœur du soulagement aux malheureux, et je vous demande toujours, Monsieur, la continuation de l’honneur de votre amitié.

M. de Rabutin Chantal.
  1. Voyez les deux lettres précédentes.
  2. Le marquis de la Trousse avait épousé Marguerite de la Fond. Voyez la Généalogie, p. 344.
  3. Antoine Arnauld, abbé de Chaumes (1674), était l’aîné des enfants d’Arnauld d’Andilly. Il servit jusqu’en 1643 dans le régiment de son oncle Arnauld de Corbeville. Ayant ensuite embrassé l’état ecclésiastique, il donna la plus grande partie de son bien à son frère de Pompone. Il a laissé des mémoires curieux. Voici en quels termes il y parle de Mme de Sévigné (tome XXXIV, p. 314) : « Ce fut en 1657 que M. (Renaud) de Sévigné me fit faire connoissance avec l’illustre marquise de Sévigné, sa nièce, dont le nom seul vaut un éloge à ceux qui savent estimer l’esprit, l’agrément et la vertu. On peut dire