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et à votre chère moitié[1]. Je ne vous dis rien de votre voisine, ce sera bientôt à moi à vous en mander des nouvelles.


58. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À M. DE POMPONE.

Jeudi 27e novembre.

On a continué aujourd’hui les interrogations sur les octrois. M. le chancelier avoit bonne intention de pousser M. Foucquet aux extrémités, et de l’embarrasser ; mais il n’en est pas venu à bout. M. Foucquet s’est fort bien tiré d’affaire. Il n’est entré qu’à onze heures, parce que M. le chancelier a fait lire le rapporteur, comme je vous l’ai mandé ; et malgré toute cette belle dévotion[2], il disoit toujours tout le pis contre notre pauvre ami. Le rapporteur prenoit toujours son parti, parce que le chancelier ne parloit que pour un côté. Enfin il a dit : « Voici un endroit sur quoi l’accusé ne pourra pas répondre. » Le rapporteur a dit : « Ah ! monsieur, pour cet endroit-là, voici l’emplâtre qui le guérit, » et a dit une très-forte raison, et puis il a ajouté : « Monsieur, dans la place où je suis, je dirai toujours la vérité, de quelque manière qu’elle se rencontre. » On a souri de l’emplâtre, qui a fait souvenir de celui qui a tant fait de bruit[3]. Sur cela on a fait entrer l’accusé, qui n’a pas été une heure dans la chambre, et en sortant plusieurs ont fait compliment à T***[4] de sa fermeté.

  1. Catherine Ladvocat, fille de Nicolas Ladvocat, maître des comptes, et de Marguerite Rouillé. Sa sœur épousa le marquis de Vins.
  2. Lettre 58. — i. Voyez le commencement de la lettre précédente et la note 10 de la lettre 55.
  3. Voyez la lettre précédente.
  4. À d’Ormesson, dont la copie de Troyes écrit le nom en toutes