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1664

regarde notre maître, ces deux vers du Tasse ne me reviennent à la tête :

Goffredo ascolta, e in rigida sembianza
Porge più di timor che di speranza
[1].

Cependant je me garde bien de me décourager : il faut suivre l’exemple de notre pauvre prisonnier ; il est gai et tranquille, soyons-le aussi. J’aurai une sensible joie de vous revoir ici. Je ne crois pas que votre exil puisse encore être long. Assurez bien Monsieur votre père de ma tendresse, voilà comme il faut parler ; et me mandez un peu votre avis des stances[2]. Il y en a qui sont admirées, aussi bien que des couplets.


68. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MÉNAGE[3]

(Fin de 1664 ?)

Voici une stance que nous lisions tantôt, qui revient merveilleusement bien à ce qu’on pourroit dire de l’état où se trouve M. le surintendant :

Il miser che si trova a mal partito,
D’Agramante et dogniun si dolea forte,
Et ricordava lor si com’er’ito
Per quello anello a rischio della morte,

  1. Gerus, lib., c. V, st. 35. — « Godefroi écoute, et son air sévère inspire plus de crainte que d’espérance. »
  2. C’était sans doute quelqu’une des nombreuses pièces de vers qu’on fit alors soit pour Foucquet, soit contre ses ennemis.
  3. Lettre 68 (d’après l’autographe, inédit). — i. Ce fragment, que nous plaçons ici par conjecture, pourrait être, au moins aussi vraisemblablement, des premiers temps qui suivirent l’arrestation de Foucquet.