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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/517

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noissance que je ne lui en aie données, et que je ne lui en donne le reste de ma vie.

Nous recommençâmes notre commerce la première année de mon exil[1], et je lui écrivis cette lettre.

À Forléans, ce 21e novembre 1666.

1666 Je fus hier à Bourbilly[2]. Jamais je n’ai été si surpris, ma belle cousine. Je trouvai cette maison belle, et quand j’en cherchai la raison, après le mépris que j’en avois fait il y a deux ans, il me sembla que cela venoit de votre absence. En effet, vous et Mlle de Sévigné enlaidissez ce qui vous environne, et vous fîtes ce tour-là, il y a deux ans, à votre maison. Il n’y a rien de si vrai ; et je vous donne avis que si vous la vendez jamais, vous fassiez ce marché par procureur, car votre présence en diminueroit fort le prix.

En arrivant, le soleil, qu’on n’avoit pas vu depuis deux jours, commença de paroître ; et lui et votre fermier firent Fort bien l’honneur de la maison : celui-ci en me faisant une bonne collation, et l’autre en dorant toutes les chambres que les Christophle et les Guy[3] s’étoient contentés de tapisser de leurs armes. J’y étois allé en famille, qui fut aussi satisfaite de cette maison que moi. Les Rabutins vivants, voyant tant d’écussons, s’estimèrent, encore davantage, connoissant par là le cas que les Rabutins morts

  1. Sur la captivité de Bussy et sur son exil, voyez la Notice, p. 81, 82. C’était le 10 août 1666 qu’il avait reçu la permission d’aller prendre l’air chez lui, en Bourgogne. Voyez la lettre du Roi à Bussy dans les Mémoires de ce dernier, tome II, page 292.
  2. Le vieux château de Bourbilly, situé en Bourgogne, entre le bourg d’Epoisse et Semur, capitale de l’Auxois, était le manoir principal de la branche des Rabutin Chantal, dont Mme de Sévigné était le dernier rejeton. Voyez les lettres des 16 et 21 octobre 1673. — Forléans, d’où cette lettre est datée, se trouve à mi-chemin d’Époisse à Bourbilly, et à une lieue environ de ce dernier château.
  3. Voyez la Notice, p. 4 et suivantes, et la Généalogie, p. 339.