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comprends pas que vous parliez si bien d’un procédé[1]. Pour moi, Je crois que vous avez eu quelque affaire en Bretagne, qui vous a appris cette langue. Ne trouvez-vous pas que c’est grand dommage que nous avons été brouillés quelque temps ensemble, et que cependant il se soit perdu des folies que nous aurions relevées, et qui nous auroient réjouis ? car bien que nous ne soyons pas demeurés muets chacun de notre côté il me semble que nous nous faisons valoir l’un l’autre, et que nous nous entredisons des choses que nous ne disons pas ailleurs.

Il n’est pas difficile de savoir mes sentiments sur le sujet de feu mon Iris : je ne cache guère ni mon amour ni ma haine ; mais il faudroit se parler pour tout dire : ce sera un jour la matière de quelques-unes de nos conversations, qui ne sera pas la moins agréables[2].

Je suis fort aise que M. de Montausier soit gouverneur de Monsieur le Dauphin ; il n’y a que moi en France que j’aimasse mieux en cette place que lui. Il est vrai qu’il semble que le Roi s’excite tous les jours à faire des grâces à cette maison.

Je suis tellement persuadé que Mlle de Sévigné sera bien et bientôt mariée, que cette opinion a de l’air d’un pressentiment. Vous m’en direz des nouvelles avant qu’il soit un an. Je suis son très-humble admirateur.


  1. Procédé se disait des querelles qui surviennent entre gens d’épée. Dans les éditions antérieures à celle-ci, on avait remplacé les mots « que vous parliez si bien d’un procédé, » par ceux-ci : « que vous parliez si bien d’un procès, » ce qui ne signifiait rien ici, et surtout n’avait aucun rapport à la lettre précédente.
  2. Ici Mme de Coligny a ajouté entre les lignes ce qui suit : « Cependant je vous envoie une imitation des Remèdes d’amour d’Ovide, qui ne vous déplaira pas ; il faut bien s’amuser et se divertir. » Dans la première édition des Lettres de Bussy on a placé cette imitation, en prose et en vers, à la suite de cette lettre du 7 septembre tome I, p. 20-33).