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qui m’en écriroient plus volontiers), et cela n’est pas de la politesse de l’hôtel de Rambouillet[1]. Je sais bien que les amitiés sont libres, mais je ne pensois pas que les choses qui regardent la bienséance le fussent aussi. Voilà ce que c’est d’être longtemps hors de la cour : on s’enrouille dans la province.

Adieu, ma belle cousine ; j’ai la plus grande impatience du monde de vous voir ; n’allez pas croire que Paris ait aucune part à cela. Venez seulement à Bourbilly, et vous verrez que je serai content.


94. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE
DE BUSSY RABUTIN.

À Paris, ce 4e juin 1669[2].

Pour vous dire le vrai, je ne me plaignois point de vous ; car nous nous étions rendu tous les devoirs de la proximité dans le mariage de ma fille ; mais je vous faisois une espèce de querelle d’Allemand pour avoir de vos lettres qui ont toujours le bonheur de me plaire. N’allez pas sur cela vous mettre à m’aimer éperdument comme vous m’en menacez : que voudriez-vous que je fisse de votre éperdument, sur le point d’être grand’mère ? Je pense qu’en cet état je m’accommoderois mieux de votre haine que de votre extrême tendresse. Vous êtes un homme bien excessif : n’est-ce pas une chose étrange, que vous ne puissiez trouver de milieu entre m’offenser outrageu-

  1. On se rappelle que la première femme du comte de Grignan était fille de la marquise de Rambouillet.
  2. Lettre 94. — i. Cette lettre est datée du 7e juin dans le manuscrit de Langheac ; mais c’est une erreur : elle a été écrite au plus tard le même jour que le billet qui suit de Mme de Grignan : voyez la date de la réponse (no 96).