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1669

cela duroit, nous pourrions nous faire saigner tant qu’il nous plairoit, sans crainte de nous affoiblir l’un l’autre[1].


98. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Aussitôt que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.

À Bussy, ce 12e juin 1669.

Avant que de répondre à votre dernière lettre, ma chère cousine, je vous déclare que je suis le plus content du monde de vous, et que quand vous devriez dire encore que je suis un homme d’extrémités, je vous aimerai et je vous estimerai fort toute ma vie. Avec tout cela, trouvez bon qu’avec tout le respect et toute la douceur imaginables je justifie mon procédé.

Quoique avant et après le mariage de Mme de Grignan je m’attendisse à une lettre de Monsieur son mari, et qu’il ne m’entrât point dans la tête qu’on pût plaisanter sur cela, je n’en disois mot, espérant un jour vous en faire mes plaintes, lorsque Mme de Bussy me manda que vous lui aviez témoigné trouver étrange que je ne vous eusse point écrit après ce mariage, et particulièrement que je n’en eusse point fait de compliment à Mme de Grignan[2] ; et sur cela je vous écrivis une lettre que vous me mandez qui étoit fort badine. En effet, tout ce qui vous regardoit l’étoit extrêmement, mais vous ne sauriez dis-

  1. Voyez plus haut les lettres 77, 79 et 80. Dans la copie de Bussy, Mme de Coligny a ajouté à la fin de la lettre : « N’avez-vous point écrit au Roi au commencement de cette guerre ? Ne me supprimez pas le plaisir de voir ce que vous lui mandez. »
  2. Lettre 98. — i. Voyez l’introduction de la lettre 93.