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1670

Dieu vous maintienne en parfaite intelligence. Mais où vous irai-je prendre à Chaseu, moi qui n’irois pas chercher à cheval une couronne à une demi-lieue ? Nous verrons pourtant. Quand je serai à Châtillon, je vous manderai mon arrivée. Cependant croyez qu’il est impossible d’être plus votre serviteur que je le suis.


108. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Huit jours après que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse :

À Chaseu, ce 25e juin 1670.

Je ne sais, ma belle cousine, quelle idée vous vous êtes faite de ma régularité ; mais ceux qui en ont eu avec moi se sont toujours loués de la mienne, et pour nos conduites, je ne vois pas qu’elles soient si dégingandées que vous me mandez. Pour moi, je suis fort satisfait de la vôtre, et je crois bien que vous ne l’avez condamnée que pour avoir prétexte de dauber la mienne. Il est vrai que celle-ci est détestable si vous en jugez par le succès ; mais moi qui ne suis pas de ceux qui croient aveuglément qu’on a tort dès qu’on est malheureux, je ne trouve pas ma conduite si dégingandée que vous croyez.

Vous voulez bien que je vous dise franchement que votre lettre me paroît venir d’une personne intriguée, et à qui ses ennemis (comme vous dites que vous en avez) ont donné du chagrin. Ils vous ont même donné un peu d’aigreur contre moi, qui n’en puis mais ; car à quel propos, je vous prie, me venir reprocher l’argent que vous m’avez voulu avancer, et la satire que j’ai faite ? Est-il question de cela ? Vous ai-je obligée par mes lettres à