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Je rends mille grâces à votre Grignan de son souvenir ; je ne saurois bonnement dire le sujet que j’ai de me rattendrir pour elle ; mais elle me paroît plus aimable de jour en jour, et je sens que je l’aime beaucoup plus que je ne faisois il y a trois mois.

À CORBINELLI.

Grondez un peu notre amie, afin de m’épargner la peine de me plaindre jamais d’elle à elle-même. Un tiers a meilleure grâce de le faire que l’intéressé. Je vous promets à la pareille de lui laver la tête quand elle vous offensera. Ne croyez pas en être à couvert, car, quoique vous n’ayez pas, comme moi, de péché originel à son égard, défiez-vous de l’avenir : toute femme varie, comme disoit François Ier ; et puis, si elle vous écrivoit en méchante humeur, elle pourroit vous dire quelque rudesse, et alors je ferois merveille de la redresser. Si je ne suis pas encore à Bussy quand vous arriverez à Châtillon, écrivez-moi un mot par Gardien : je vous enverrai une chaise, car je ne présume pas si fort du plaisir que vous aurez de me voir, que je veuille vous le faire acheter par la moindre incommodité du monde. Pour moi, je meurs d’impatience de vous voir.


Nous terminons le tome Ier avec la première partie et ce qu’on peut appeler les préliminaires et le prélude de la Correspondance. Le second commencera là où commencent les éditions anciennes, c’est-à-dire aux lettres de Mme de Sévigné à son gendre, bientôt suivies de ses lettres à sa fille, où elle répand son âme tout entière, tout son esprit et tout son cœur. Nous avons mieux aimé faire le premier volume un peu fort que de nous arrêter avant cette division si naturelle et si tranchée.

fin du premier volume.