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NOTICE BIOGRAPHIQUE

On trouve dans les biographies de madame de Sévigné que son mari était maréchal de camp et lieutenant de Fougères. Il est clair que ces titres ne lui appartenaient pas lorsqu’il se maria. Ils ne sont pas mentionnés dans l’acte de mariage, et les démarches faites un peu plus tard par madame de Sévigné pour lui faire acheter une charge de cornette de chevau-légers, prouvent qu’il n’était pas encore si avancé dans sa carrière militaire.

Les Mémoires d’Olivier d’Ormesson, frère de madame de la Tour de Coulanges, donnent quelques détails précis sur le mariage de madame de Sévigné[1]. On y voit à quel moment on commença à parler de cette alliance. L’abbé de Coulanges en entretint M. d’Ormesson le 7 mars 1644. Lorsque le marquis de Sévigné fit visite au père d’Olivier d’Ormesson pour la rédaction des articles du contrat, on remarqua qu’il était beau cavalier, bien fait, et paraissait avoir de l’esprit. C’est à peu près ce que dit aussi Conrart ; et dans son Histoire généalogique, Bussy, juge difficile, lui reconnaît également de l’esprit.

Le 27 mai le contrat fut rédigé ; mais la signature en fut retardée par les suites d’une querelle qu’eut alors le marquis. Un duel fut comme le prologue de ce mariage, dont un duel devait être le dénouement. Sévigné avait donné, sur le pont Neuf, des coups de plat d’épée à Paul Hay du Chastellet, Breton comme lui, pour se venger de quelques discours tenus sur son compte. Il y eut une rencontre sur le pré aux Clercs. Sévigné fut blessé à la cuisse assez grièvement pour que sa vie parût quelque temps en danger. Ce fut au mois de juillet seulement que le contrat put être signé. Le mariage fut célébré en l’église Saint—Gervais-et-Saint-Protais, le 4 août, à deux heures du matin. La bénédiction fut donnée par Jacques de Neuchèze, évêque et comte de Chalon-sur-Saône, fils d’une sœur de sainte Chantal[2]. Il avait, dans le contrat de mariage, fait à madame de Sévigné une donation de dix mille écus.

  1. Voir les extraits de ces Mémoires dans la thèse de M. Chéruel : De l’administration de Louis XIV. Rouen , 1849.
  2. Voir, dans les notes à la fin de la Notice, l’acte de mariage (note 5).