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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


ainsi dans le parti contraire à celui où les Sévigné se trouvaient engagés par leur alliance et leur amitié avec le coadjuteur. Le marquis de Sévigné suivit en Normandie le duc de Longueville, qui voulait faire révolter contre la cour cette province, dont il était gouverneur. Saint-Évremond a laissé une petite relation ou plutôt une spirituelle satire de cette retraite de M. le duc de Longueville en son gouvernement de Normandie. Elle amusait trop Mazarin, pour qu’il faille la regarder comme strictement historique dans tous ses détails. Il est vrai cependant que le duc de Longueville ne put amener au secours de la capitale les secours qu’il avait promis, et que ses opérations militaires en Normandie consistèrent surtout à distribuer des grades dans son armée. Saint-Évremond n’avait donc guère autre chose à raconter que ce partage des emplois entre les plus considérables personnes du parti. « Si quelqu’un, dit-il, s’étonne que je ne parle pas de leurs actions, c’est que je suis exactement véritable. » L’histoire de Sévigné, pendant cette campagne, n’est pas plus longue que celle des autres : « Il se contenta de l’emploi de maréchal de bataille ; mais il fut la dupe de sa modération, quand il vit que, pour être maréchal de camp, il ne fallait pas être habile homme. Il s’érigea de plus en goguenard, et eut l’honneur de faire rire Son Altesse. »

Un autre Sévigné paya plus de sa personne dans cette guerre, mais avec peu de bonheur. C’était un oncle du marquis, Renaud de Sévigné,


Galant homme (dit Loret) et de bonne taille ,
Pour bien aller à la bataille[1]

.


Il est certain que dans sa vie militaire il y a eu d’autres campagnes que celle dont nous allons parler, des campagnes où il fit meilleure figure. Il était chevalier de Malte. Nous aurons quelque occasion de reparler de lui et de sa vie finie dans la pénitence, quand Port-Royal se présentera à nous dans l’histoire des sentiments religieux de madame de Sévigné. Le chevalier Renaud eut, en 1649, le commandement du régiment que le coadjuteur avait levé à ses frais pour défendre Paris. Ce régi-

  1. Muse historique du 1er janvier 1651, tome I, p. 78 , édition de M. Ravenel.