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pérance de guérir. La duchesse de Villeroi reçoit ses visites dans son lit, jolie tout ce qu’on peut l’être : Je fis, il y a deux jours, les honneurs de sa chambre avec la maréchale de Villeroi. J’ai découvert à cette petite duchesse un mérite qui lui fait bien de l’honneur dans mon esprit, c’est qu’elle a un goût si naturel pour Mlle de Grignan, qu’elle en est sincèrement occupée ; elle m’en demande continuellement des nouvelles ; elle lui souhaite tout le bonheur qu’elle mérite, mais elle ne veut consentir à aucun mariage qu’elle ne soit assurée de la revoir ici : enfin elle a des sentiments, elle a des pensées, c’est un des miracles de Pauline. Je sais de ses nouvelles : on dit que vous vous allez encore marier ; j’en suis ravie, mon amie. Revenez donc toutes ; la vie est trop courte pour de si longues absences : par rapport à la vie, les plus longues ne devroient être que de deux heures. Je vous envoie une lettre de Monsieur de Vannes[1], qu’il y a en vérité trois mois qui est dans mon écritoire : je lui en demande pardon ; car pour vous, je suis assurée que vous l’aimez autant à l’heure qu’il est que quand elle a été écrite. Adieu, ma très-aimable : mandez-moi vitement que vous allez revenir, et que vous ne pouvez plus souffrir la solitude de cette jeune marquise, qui comme moi soupire après votre retour.


1431. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 18e novembre.

Momsieur de Lamoignon me montra hier une lettre de M. le chevalier de Grignan, qui m’apprit que Ma-

  1. 6. François d’Argouges. Voyez tome IX, p. 140, note 5.