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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/548

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vins hier avec dessein d'y retourner quand j'aurai achevé mes bains, et que notre abbé aura fait quelques petites affaires qu'il a encore ici. La veille de mon départ pour Livry, j’allai voir Mademoiselle, qui me fit les plus grandes caresses du monde ; je lui fis vos compliments, et elle les reçut fort bien ; du moins ne me parut-il pas qu'eIle eût rien sur le cœur. J'étois allée avec Mlle de Rambouillet, Mme de Valençay et Mme de Lavardin [1]Présentement elle s'en va à la cour, et cet hiver elle sera si aise, qu`elle fera bonne chère[2] à tout le monde. Je ne sais point de nouvelles pour vous mander aujourd'hui, car il y a trois jours que je n’ai vu la Gazette[3]. Vous saurez pourtant que Mme des N* est morte, et que Trévigni[4], son amant, en a pensé mourir de douleur ; pour moi, j’aurois voulu qu`il en fut mort pour l'honneur des dames. Je suis toujours couperosée ma pauvre petite, et je fais toujours des remèdes ; mais comme je suis entre les mains de Bourdelot[5] qui me purge avec des melons et

  1. 2. Sur Mme de Valençay (morte à la fin d’août 1684), voyez tome II, p. 68, note 8 ; et sur Mme de Lavardin , tome II, p. 47, note 7. Nous ignorons qui en 1674, si la lettre est de cette année—là, pouvait être nommée Mlle de Rambouillet ; c’était avant son mariage avec le comte de Grignan (qui se fit à la fin d’avril 1658) le nom que portait la plus jeune sœur de Mme de Montausier : voyez les Précieux et Précieuses de M. Livet, p. 100 et suivantes.
  2. 3. Pour visage, fîgure, accueil"". Nous avons rencontré plusieurs fois ce mot pris dans ce même sens : voyez tome III, p. 438, note 11 ; tome IX, p. 585, etc.
  3. 4. L’éditeur de 1751 explique ainsi ce mot en note : « C`est-à-dire Mme de Lavardin , qui aimoit beaucoup les nouvelles et qui en quêtoit partout. » Comme il n’y avait pas alors, que nous sachions, de feuille quotidienne, l'explication est peut-être bonne. La Gazette ne paraissait qu’une fois la semaine.
  4. 5. Il est question d’un Breton de ce nom ci-dessus, p. 25.
  5. 6. Pierre Michon, plus connu sous le nom de l’abbé Bourdelot, né en 1610 à Sens, mort à Paris en 1685. Voyez tome IV, p. 262, note 17, et. tome II, p. 516, note 3.