Le simple récit de l’accident du chevalier de Grignan suffit pour vous faire faire toutes les réflexions au grand mépris de la prévoyance de la prudence humaine : il vient ici pour éviter les douleurs[1], et il y trouve des accidents qui lui font souffrir des douleurs insupportables.
On ne peut mander une maladie d`une manière plus propre à rassurer que vous me mandez celle de mon frère[2] cela s`appelle une maladie digne d`envie : c`est la peur d`avoir la migraine qui le retient dans sa chambre, qui rassemble le monde chez lui, qui vous amuse tous. En vérité je le plaindrai quand il jugera à propos de se guérir.
J'ai su votre voyage de Champlàtreux[3] je me Suis représentè vos plaisirs ; ils auroient été plus parfaits, si le malheur au jeu ne les avoit troublés. Je suis dans l'épreuve de cette sorte de tribulation : la comète[4]" déconcerte ma tranquillité, comme les as rouges démontent M. de Grignan. Mme de Rochebonne fait avec moi la récolte de ce qui manque à la médiocrité de ses revenus, et je suis sa dupe, sans pouvoir me corriger de mal jouer ni de jouer.
- ↑ I. S’agit-il de son voyage de 1699 (voyez ci—dessus sa lettre, p. 437) ? ou de son établissement à Mazargues (voyez p. 477 et 478) ?
- ↑ 2. Le marquis de Sévigné. (Note du Mercure.)
- ↑ 3, La terre de Champlàtreux, à deux lieues au nord d’Ecouen, près de Luzarches, était aux Molé. Le comte de Champlâtreux, fils de Mathieu Molé, dont il a été plusieurs fois question dans la Correspondance (voyez tome IV, p, 225, note 17), était mort en 1682. Son fils Louis, président à mortier, mourut en janvier 1709, et son petit-fils mourut jeune en 1711.
- ↑ 4. « Espèce de jeu qui se joue avec des cartes, dont une porte particulièrement le nom de Comète. »(Dictionnaire de l’Académie de 1762.)