1691 qui me durent comme un point de fièvre qui m’affige. En un mot, je suis folle, quoique je sois assurément une femme assez sage. Je veux remercier Mme de Grignan pour me calmer l’esprit : elle a écrit des merveilles pour moi à M. le chevalier de Grignan.
Je vous en remercie, Madame, et je vous prie d’ordonner à M. le chevalier de Grignan de m’aimer ; je l’aime de tout mon cœur : c’est un homme que cet homme-là. Ramenez Madame votre mère, vous avez mille affaires ici ; prenez garde de voir vos affaires domestiques de trop près, et que les maisons ne vous empêchent de voir la ville. Il y a plus d’une sorte d’intérêt en ce monde. Venez, Madame, venez ici pour l’amour des personnes qui vous aiment, et songez qu’en travaillant pour vous, c’est me donner en même temps la joie de voir Madame votre mère.
Mon Dieu ! ma chère amie, que je serai aise de vous voir ! vraiment je pleurerai bien ; tout me fait fondre en larmes. J’ai reçu ce matin des lettres de mon fils l’abbé, qui étoit en Poitou[1]à deux lieues de Mme de la Troche. Un gentilhomme d’importance, gendre de Mme de la Rochebardon, chez qui Mme de la Troche est actuellement, vint dire adieu à mon fils, et c’est là qu’il apprit la mort de la Troche[2], par la Gazette, s’il vous plaît ; car je n’en avois point parlé à mon fils, qui me fait une peinture de la désolation de ce gentilhomme d’avoir à