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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/96

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1692 y ajoutant vos nouvelles bontés, vous pouvez compter que jamais vous n’avez eu une dupe plus dévouée que moi. Mais tout de bon, n’êtes-vous point la meilleure et la plus charitable personne du monde ? car il y a de la charité à me tirer de l’embarras où je suis, et Monsieur de Saint-Jacques approuveroit tout ce que vous faites. Continuez donc, ma chère Madame, ne vous rebutez point, ennuyez-vous, pour l’amour de Dieu, à écouter les différents styles de mes deux ministres, tous deux singuliers, et mêlés de bonnes et de mauvaises choses, et se haïssant tous deux cordialement depuis le premier jour qu’ils se sont vus ; c’est une de mes raisons pour avoir été ravie d’avoir un amodiateur : il n’y aura plus au moins qu’une opinion, bonne ou mauvaise ; j’aurai du moins le plaisir d’être décidée ; mais dans ce dénouement-ici, je vous demande votre secours ; je vous en ai déjà écrit par votre homme d’affaires, et vous ai envoyé une lettre d’Hébert, qui m’écrit d’un style assez ridicule ; mais je n’y pense pas. Il est vrai que je lui mandai tout ce que Boucard m’avoit écrit, comme le meilleur pour moi ; mais si je me trompe, hélas ! Madame, redressez mes pensées, qui ne sauroient être bien droites, étant absente ; et sur la vente des blés, ordonnez entièrement, faites comme pour vous, et ne croyez point que je puisse jamais improuver ce que vous aurez fait sur tous les chapitres. Si vous voulez que je me moque des rats, faites vendre mes blés ; sinon ordonnez qu’on s’en défasse[1] :

  1. Lettre 1348 (revue sur l’autographe) — 1. Pour que la phrase eût de la suite, il faudrait donner à ces mots cette signification assez peu probable : « qu’on se défasse, non des blés, mais des rats. » Au reste la lecture est douteuse ; le mot que nous lisons faites, à la fin de la ligne précédente, est écrit sous ou sur un autre mot, qui pourrait être gardés ; mais gardez, même en supposant que Mme de Sévigné ait oublié d’effacer vendre, ne nous donnerait pas un sens satisfaisant. Faut-il peut-être à vendre substituer moudre ?