Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/9

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AVERTISSEMENT. Ia

vraiment plus rien à dire, ou, ce qui est pis, elle n’a plus à dire que des riens. Je sais bien ce que les riens deviennent sous la plume de Mme de Sévigné ce n’est pas quand elle n’a rien à rapporter et qu’elle se raconte elle-même dans ses lettres, et qu’elle y met, à défaut de faits, son cœur, son esprit, son âme, qu’elle nous charme le moins mais il faut pour cela des correspondants plus intimes, des liens plus étroits que ne paraissent être ceux de Mme de Simiane avec l’intendant d’Héricourt et avec le marquis de Caumont. En somme, cette place qu’elle occupe à la suite de l’inimitable e’pistolière, et qu’elle ne justifie que par sa qualité de membre de la famille, lui a fait sans doute une grande étendue de renommée; mais renom et gloire n’est pas même chose. Judicieuse comme elle nous paraît, auraitelle consenti à sauver de l’oubli le peu qui nous reste d’elle ? a Sûre de toute manière d’avoir sa petite part de l’immortalité assurée à toute sa maison, elle eût préféré, je le crois, de demeurer pour la postérité, sous des traits un peu vagues, l’aimable Pauline qu’elle est dans les lettres de son aïeule. Quoi qu’il en soit, M. Monmerqué, pour se conformer à l’usage établi, a préparé une nouvelle édition de cette annexe en même temps que du corps même de la correspondance, et nous avons cru qu’il était de notre devoir, sans éprouver le même attrait à le remplir, de donner aussi à ce supplément nos soins très-attentifs 1[1]. Si cette partie a été, comme le reste de la collection, très-notablement améliorée, c’est à M. Anatole de Gallier, de Tain, que nos lecteurs le doivent. C’est par son entremise et grâce à lui que M. Monmerqué a eu communication de cinquante-six lettres inédites, qui ôtent au moins à la correspondance de Mme de Simiane quelque peu de sa monotonie. A part quelques billets insignifiants, nous n’avions d’elle

  1. Malgré ces soins attentifs, nous nous sommes rendus coupables, dans l’annotation des lettres de Mme de Simiane, d’un oubli, d’une erreur de mémoire que nous demandons la permission de réparer ici sans attendre l' Errata. Au sujet d’une certaine allusion que nous avons relevée à la page 208 de ce tome XI, nous avons cité un passage de la Bérénice de Racine; c’était au Menteur de Corneille qu’il fallait renvoyer les mots sur lesquels joue Mme de Simiane y reviennent jusqu’à trois fois, aux vers 702, 113o, 1170.