Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 95 —

1671

vous toucher, d’écrire auprès de vous ! Je crois que vous aurez eu aussi quelque joie de voir un de mes amis, et qui est le vôtre si véritablement.

de charles de sévigné.

Dans l’intervalle des deux reprises, je vous dirai que je sors d’une symphonie charmante, composée des deux Camus et d’Ytier[1]. Vous savez que l’effet ordinaire de la musique est d’attendrir. Quoique je n’aie pas besoin de l’éprouver sur votre sujet, elle n’a pas laissé de renouveler mille choses, que le temps qu’il y a que nous sommes séparés devroit avoir amorties. Mais savezvous en quelle compagnie j’étois[2] ? C’étoit Mlle de l’Enclos[3], Mme de la Sablière[4], Mme de Salins[5], Mlle de

  1. 3. Les deux le Camus, père et fils, et Ytier, musiciens, dont le nom revient plusieurs fois dans la Correspondance. Voyez les lettres du 15 avril 1671 et des 23 mai et 2 juin 1672.
  2. 4. Sur tout ce passage, voyez Walckenaer, tome IV, p. 105 et suivantes.
  3. 5. Anne (Ninon) de l’Enclos était née à Paris le 10 novembre 1620. Elle avait donc alors un peu plus de cinquante ans. Elle habitait vers ce temps-là, et habita jusqu’à sa mort (1705), la rue des Tournelles. Voyez la Notice, p. 119, et les lettres du 13 mars, du 1er et du 8 avril 1671.
  4. 6. L’amie de la Fontaine et l’amante de la Fare, célèbre par sa beauté et plus encore par son goût pour les lettres et les sciences. Son nom était Hesselin (ou Hessein). Elle avait épousé Antoine Rambouillet de la Sablière, né en 1615, secrétaire du Roi, l’un des administrateurs des domaines royaux, fils d’un riche financier et beau-frère de Gédéon Tallemant des Réaux. L’année même de sa mort (1680), son fils publia de lui un Recueil de madrigaux « écrits, dit Voltaire, avec une finesse qui n’exclut pas le naturel. » — Sur la liaison de Mme de la Sablière avec la Fare, voyez les lettres d’août 1676 à janvier 1680 ; sur sa retraite aux Incurables, où elle mourut le 8 janvier 1693, celles des 21 juin et 14 juillet 1680. Elle a laissé des Pensées chrétiennes, plusieurs fois imprimées.
  5. 7. Femme de Garnier de Salins (fils de Mathieu : voyez la note 5