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1671

de ceux qui me font des compliments, et qui me prient de vous en faire, et qui me demandent de vos nouvelles, est infini : j’aurois le visage aussi las que vous, si je les embrassois tous. Je ferai part à Brancas de vos relations. Le P. Bourdaloue a prêché ce matin au delà de tous les plus beaux sermons qu’il ait jamais faits. La cour va et vient à Versailles. Monsieur le Dauphin et Monsieur d’Anjou[1] se portent mieux : voilà de belles nouvelles. Mme de la Fayette, et tout ce qui est ordinairement chez elle, vous fait souvenir de l’amitié qu’ils ont pour vous, et vous prie d’en avoir un peu pour eux. Mme de la Fayette dit qu’elle aimeroit fort à jouer le rôle que vous jouez, quand ce ne seroit que pour changer : vous savez comme elle est quelquefois lasse de la même chose. Monsieur d’Uzès[2] est ravi des honneurs qu’on vous rend. Il est persuadé, comme les autres, que depuis saint Trophime[3], il n’y a point eu de nièce pareille à vous. Votre fille est jolie ; je l’aime et j’en ai beaucoup de soin. Mme de Tourville[4] est morte, la Gouville pleure fort bien. Madame la Princesse[5] est à Châteauroux, ad multos annos[6]. Je suis à vous, ma très-chère, avec une tendresse qu’il n’est pas aisé d’expliquer, et j’embrasse M. de Grignan malgré le pont d’Avignon.


  1. 13. Second fils de Louis XIV, mort en 1671, à trois ans.
  2. 14. L’oncle du comte de Grignan : voyez la note 6 de la lettre 88.
  3. 15. Premier évêque d’Arles.
  4. 16. Lucie de la Rochefoucauld Montendre, veuve, depuis 1647, de César de Costentin, comte de Tourville. Elle avait eu huit enfants, parmi lesquels le célèbre marin Tourville et la marquise de Gouville. Au sujet de cette dernière, voyez la note 2 de la lettre 30.
  5. 17. Voyez les lettres 128 et 131.
  6. 18. Pour beaucoup d’années, pour longtemps.