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Nous fûmes de là chez Mme Colbert[1], qui me demanda de vos nouvelles. Voilà de terribles bagatelles ; mais je ne sais rien. Vous voyez que je ne suis plus dévote. Hélas ! j’aurois bien besoin des matines et de la solitude de Livry. Si est-ce que je vous donnerai ces deux livres de la Fontaine[2], quand vous devriez être en colère. Il y a des endroits jolis et très-jolis, et d’autres ennuyeux : on ne veut jamais se contenter d’avoir bien fait ; en croyant mieux faire, on fait mal.


145. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, dimanche 15e mars.

Monsieur de la Brosse veut que ma lettre l’introduise auprès de vous : n’est-ce pas se moquer des gens ? Vous savez l’estime et l’amitié que j’ai pour lui ; vous savez que son père est l’un de mes plus anciens amis ; vous savez vous-même le mérite de l’un et de l’autre, et vous avez pour eux tous les sentiments que je voudrois vous inspirer : vous voyez donc bien que ma lettre ne peut lui être utile. C’est à moi qu’elle est bonne ; car en vérité j’aime à vous écrire. C’est une chose plaisante à observer que le plaisir qu’on prend à parler, quoique de loin, à une personne que l’on aime, et l’étrange pesanteur qu’on trouve à écrire

    de Mme de Sévigné, et, au lieu de la Gêvres, il avait mis poliment, une fois Mme de Gêvres et une autre fois la duchesse.

  1. 19. Marie Charon, sœur de Jean-Jacques Charon, seigneur de Menars, qui devint président au parlement de Paris. Elle avait épousé Colbert en 1648 et mourut en 1687.
  2. 20. La Fontaine publia en 1671 la Troisième partie des contes (achevée d’imprimer le 27 janvier), et un recueil intitulé Fables nouvelles et autres poésies (achevé d’imprimer le 12 mars).